AGRICULTURE, RURALITE, ENVIRONNEMENT: LA TERRE DES HOMMES
Agriculture: le retour à la qualité
D es politiques agricoles excessivement productivistes,
appuyées sur la mécanisation et le recours systématique aux engrais chimiques, aux farines
animales et autres agents dopants de la croissance naturelle, ont compromis la sécurité sanitaire
et alimentaire, contribué à la dégradation de l’environnement et altéré les conditions de la vie
rurale. Les hommes doivent se souvenir que l’économie, et particulièrement l’économie agricole,
est à leur service.
La politique agricole française doit impérativement, désormais, privilégier des objectifs de
qualité, de protection de l’environnement, de revitalisation des zones rurales.
L’installation des jeunes agriculteurs et l’emploi dans le secteur agricole doivent être plus
résolument soutenus. Le recours aux engrais biologiques, plutôt que chimiques, doit être
favorisé, les activités ou méthodes polluantes pénalisées. Les productions biologiques et les
politiques de qualité doivent être encouragées.
La revitalisation des zones rurales doit être assurée par le concours d’aides communautaires,
nationales et locales, coordonnées par des politiques d’aménagement du territoire accordant
une priorité à la vie rurale, par le maintien d’un maillage étroit de services publics,
traditionnels ou nouveaux, par des incitations à l’installation en zone rurale, au tourisme rural,
à l’habitat en zone rurale.
La protection de l’environnement, objectif d’une politique pour l’homme
La protection de l’environnement ne doit pas être conçue comme une démarche de vénération
pour des milieux naturels qui devraient être immuables ou figés, mais bien comme un aspect
particulièrement important de la démarche humaniste. La destruction aveugle des ressources
et des beautés de la nature est très généralement le fruit de comportements économiques
insuffisamment maîtrisés, nocifs pour l’environnement mais, plus fondamentalement pour
l’homme lui-même. Protéger l’environnement, cela veut dire assujettir le marché aux objectifs
d’une politique humaniste.
La qualité de l'environnement passe notamment par une redéfinition des priorités en termes
d'infrastructures industrielles et d'aménagement du territoire. Le drame de Toulouse a permis
de mesurer l'ampleur des mesures à prendre pour réduire au maximum les risques industriels.
Le cahier des charges de toutes les industries risquées et polluantes doit être revu à la lumière
de ces récents évènements.
La conscience des risques inhérents à chaque technologie ne doit pas pour autant conduire à
renoncer aux avancées du génie humain. Une poursuite raisonnée du programme nucléaire
civil, qui assure à notre pays son indépendance énergétique et limite l'émission de gaz à effet
de serre, peut être défendue dès lors qu’elle s’accompagne d’une vigilance accrue quant à la
sécurité des installations et des populations. Les centrales doivent faire l’objet d’un
renforcement de leurs protections passives. De façon générale, l’objectif de protection des
populations contre le risque nucléaire, civil mais aussi militaire ou terroriste, doit être pris
beaucoup plus au sérieux qu’il ne l’est.
Le développement de toutes les énergies renouvelables, particulièrement l'éolien et
l'hydroélectricité, doit être vivement encouragé.
Le recours à l'électricité dans le domaine du transport doit être favorisé, dès lors qu’il permet
de satisfaire les besoins de transport collectif ou individuel, qu’il serait régressif de
méconnaître, tout en contribuant à réduire dans les zones urbaines les nombreuses pathologies
liées à la pollution automobile. Le ferroutage, le recours à la navigation fluviale, sont, eu
égard aux conséquences dramatiques de la sur-utilisation des infrastructures routières pour le
transport des marchandises, d’indiscutables impératifs.
L’approvisionnement suffisant en eau de qualité, la lutte contre les nuisances sonores,
justifient de fortes initiatives publiques, y compris, pour le premier objectif, à l’échelle de
l’Europe toute entière.
En ce qui concerne les moyens des politiques de protection de l’environnement, y compris à
l’échelle de la planète toute entière, il convient de retenir une approche pragmatique de
complémentarité. La réglementation, le recours à un marché international des créances
environnementales, sont des instruments utiles, au même titre que la fiscalité, dont l’objectif
premier, qui est de financer les charges publiques, ne doit pas être perdu de vue. Au recours
doctrinal à la taxe écologique, on préfèrera donc, ainsi que le suggère la Commission
européenne, l’extension aux différentes formes d’énergie du système harmonisé de taxation
déjà prévu pour les huiles minérales.
|